Un mix de cultures original avec des poupées!
Marie, expatriée au Cameroun, a choisi de répondre aux questions de sa fille sur son identité en créant des poupées de tissu wax mettant en valeur les différences.
Bonjour Marie, où es-tu installée ?
Je vis à Yaoundé au Cameroun, dans le quartier Ngousso plus précisément à Hôpital Général.
Clairement, l’avantage de ce quartier, et ici c’est non négligeable, c’est que comme son nom l’indique on est situé juste à côté de l’Hopital Général, et que du coup on est sur la même ligne électrique et d’alimentation en eau, ce qui fait qu’on a peu de coupures comparé à certains quartiers où on peut rester facilement une semaine sans eau ou électricité.




Pourquoi le Cameroun ?
Une envie de changer de rythme, de voir autre chose et d’essayer de se lancer dans l’entrepreneuriat. De plus, mon mari est camerounais, et nous savions qu’il y a ici plein de choses à faire , donc du coup on a voulu tenter l’aventure.
As-tu déjà vécu à l’étranger auparavant ?
Non jamais.
Comment cette idée d’entrepreneuriat s’est-elle présentée ?
En fait, avant même le départ de France, je savais qu’il fallait que je monte ma propre entreprise pour être épanouie ici.
C’est une envie que j’ai depuis un long moment et j’avais déjà des expériences en France, mais elles n’ont pas été très loin,; j’avais envie cette fois-ci de m’engager sérieusement.
Donc je suis arrivée ici avec mon projet en tête, et aussi sur papier, et une fois installée je n’avais plus qu’à m’activer pour le concrétiser.
Tu crées des poupées en tissu, comment et pourquoi as-tu choisi ce créneau ?
C’est une thématique qui m’a semblé vraiment naturelle. Depuis toute petite ma fille s’est beaucoup questionnée sur son identité, sur ses particularités physiques, on en a beaucoup discuté ensemble. Et cette idée a germé petit à petit, jusqu’au jour où je lui ai confectionné sa poupée ! Maintenant je n’arrête plus !
Mes deux enfants m’inspirent beaucoup, aussi j’ai choisi le nom de la marque, POLAE car c’est un pêle-mêle de lettres de leurs prénoms Louise et Paul, ça m’a plu de mettre un peu d’eux dans le nom de la marque !






Comment travailles-tu ?
En tout premier lieu, j’avais très envie de faire quelque chose d’artisanal, où je prendrais le temps de faire les choses, de réfléchir, de les faire avec sens… après avoir travaillé plusieurs années dans le textile j’avais vraiment besoin de ça !
Pour le moment je travaille seule pour créer les poupées, mais j’aimerais beaucoup pouvoir un jour travailler avec des femmes ici et participer à l’économie locale.
J’achète au maximum mon matériel sur place, les tissus au marché, le rembourrage, les boutons pressions… la seule chose que je n’ai pas encore trouvé ici c’est la double gaze de coton c’est la matière dans laquelle je fais la plupart des robes des poupées. Mais petit à petit j’évolue et j’adore chiner les tissus des ballots qui sont des invendus qui viennent d’Europe et j’y trouve souvent des pépites !
Ça c’est pour la partie pratique.
Au niveau plus conceptuel de la marque l’idée principale c’est de mettre en valeur les différences. Je pense chaque poupée comme une identité propre, d’ailleurs elles sont toutes des pièces uniques.
Ma marque de fabrique c’est que j’utilise des tissus imprimés pour les corps et cheveux ; c’est une manière d’aller au delà d’une simple couleur de peau et de laisser libre cours à l’imagination de chacun.
Quelles ont été les étapes du développement de ton entreprise?
Les grandes étapes:
- Mûrir l’idée et poser sur papier les valeurs et l’identité de la marque
- Créer, créer, créer
- Un peu d’administratif aussi histoire d’être en règle
- Monter le site internet avec l’e-shop
- Communiquer pour montrer aux gens ce que j’ai créé
- Vendre
Comment as-tu développé ton activité ?
Bon, je dois avouer dès maintenant que pour tout ce qui administratif, gestion… je suis une vraie bille !
Moi ce qui m’anime c’est de créer, le reste je le subis et je m’en occupe vraiment quand je n’ai plus le choix.
Ça m’a pris finalement peu de temps de créer l’entreprise puisque j’avais déjà une grosse partie du matériel à savoir ma machine à coudre (qui est quand même restée coincée 3 mois au port de Douala avec toutes nos affaires) et qu’en attendant qu’elle arrive j’ai écumé la Briqueterie (c’est le quartier où on vends les tissus wax à Yaoundé) pour être prête le jour où elle arriverait.
Les leçons de l’expatpreneuriat
Qu’as-tu appris grâce à cette expérience en tant qu’expat-preneuse ?
J’ai appris la persévérance, moi qui baisse souvent trop vite les bras.
Et qu’il faut oser montrer ce qu’on fait et ne pas avoir peur de ne pas plaire. De toute façon on ne plaira jamais à tout le monde, mais il y a peut être des gens qui seront intéressés parce que vous avez à dire ou à montrer.
Quelle part prennent les réseaux sociaux dans ta vie pro ?
Pour le moment une trop grosse part ! Instagram est mon seul canal de communication et clairement je sais que c’est risqué.
Mais comme je le disais plus haut la communication c’est presque un gros mot pour moi, donc pour le moment je fais comme ça et un jour peut être j’aurais quelqu’un pour m’aider à travailler une vraie stratégie de communication avec newsletter et tout…
En arrivant dans un nouveau pays, il faut construire un nouveau réseau personnel et professionnel, comment cela s’est-il passé pour toi ?
Les marchés de créateurs de Yaoundé m’ont beaucoup aidé à rencontrer du monde, autant du côté des créateurs que des clients.
L’école des enfants, et puis mon mari qui a déjà pas mal de connaissances ici, donc on n’est pas arrivé sans connaître personne.
Ah, il y a aussi Instagram aussi où j’ai rencontré virtuellement plusieurs personnes avec qui je communique régulièrement.
Qu’est-ce que tu retiendrais de la mentalité entrepreneuriale au Cameroun ?
Être prêt à tous les imprévus! Et encore comme je travaille seule de chez moi ça limite vraiment les soucis. Mais quand j’ai prévu de coudre toutes les robes le vendredi et que l’électricité est coupée à 11h …. bien obligée de passer au plan B 😅
Lancer son entreprise en étant à l’étranger, d’après toi est-ce un défi compliqué ?
Non je ne crois pas que ça soit vraiment plus compliqué ici qu’ailleurs.
Mais parfois j’avoue que j’ai le sentiment de rater des opportunités pour le développement de ma marque en étant loin de Paris et des propositions qu’il peut y avoir.
Ta citation préférée?
Je n’aime pas trop les citations, j’ai l’impression qu’on tombe très vite dans des truismes.
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